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22 juillet 2011 5 22 /07 /juillet /2011 20:16

danaides-3762a.jpgUN PASSE RECENT


A l’abri de l’euro depuis dix ans les pays du sud de l’UE ont commis des folies économiques en battant tous les records, tout spécialement la GRECE.


En octobre 2009 Georges Papandreou découvre que le déficit n’est pas à 6% comme annoncé par l’ancien gouvernement mais à 12,9% très  loin des 3% de Maastricht et la dette Grecque à 115% du PIB.

 



Les comptes nationaux ont été allégrement truqués par le gouvernement précédent avec la précieuse collaboration de Goldman Sachs pour pouvoir emprunter plus facilement sur les marchés et s’enfoncer d’avantage dans un gouffre sans fin.


La Grèce a vécue telle une Cigale, été comme hiver : 800 000 fonctionnaires (20% des actifs 5M) payés grassement, une flotte de premier ordre qui préfère gaver les paradis fiscaux, une église exonérée de tout imposition, une multitude de  niches fiscales, un laxisme insensé généralisé mais surtout une économie souterraine évaluée à 30% du PIB  cad 90 Milliards. Reconnaissons cependant que question système D les Grecs sont les meilleurs au Monde.


Le secteur immobilier difficilement contrôlable à cause d’un cadastre inexistant  a permis la construction illicite de centaines de milliers de maisons sans permis, sans recueillir le moindre avantage fiscal pour l’état.


En réalité Georges Papandreou trouve un pays ayant vécu nettement au dessus des ses moyens, depensant sans compter, empruntant sans réfléchir, ne cherchant jamais à instaurer la moindre reforme structurelle pouvant permettre une amélioration du système économique.

 

 

LA DURE REALITE DU PRESENT

 


LA DETTE GRECQUE 250% du PIB


Actuellement la dette Grecque représente 250% du PIB  (150% publique et 100% privée) la BCE détient 45 Milliards€ en obligations et accorde une ligne de crédit de 90Milliards€ aux banques helléniques pour leur éviter un étouffement.


La dette Grecque est détenue en grande majorité par des non résidents, 95% ce qui tendrait à penser que les Grecs ne croient pas en leur destinée : France 17% /  Allemagne 10% /  autres Européens 28%  /  autres Pays 45%.


La dette Grecque est passée de 101% en 2001 à  152% en 2011 résultat impressionnant  et pourtant l’Irlande et le Portugal ont fait mieux puisqu’ils ont dans le même temps doublé leur dette.

 

 

UN  CHOMAGE A  16%


Pour les moins de vingt ans il s’élève à 40% et à 16% pour l’ensemble de la population. Une situation supportée par la population pendant longtemps grâce à une cellule familiale forte qui servait d’amortisseur social, comme en Espagne ou au Portugal, désormais les Parents n’ont plus les moyens d’aider la génération précédente.



DEFICIT  COMMERCIAL  64 Milliards€


Les exportations  s’élèvent à 30 Milliards€ et les importations à 94 Milliards€ ce qui génère un déficit commercial de 64 Milliards€


BESOINS DE FINANCEMENT   2012 / 2014  = 140 Milliards€ en supplément des 112 Milliards accordés

 

 

CONCLUSION  AVEC UNE CROISSANCE NEGATIVE  -2%  EN  2009 ET -4% EN  2010 LA SITUATION  EST DEVENUE  INTENABLE

 

 


LA  GRANDE  PURGE


Apres le pain blanc voici venu le temps du pain noir, les fourmis de la haute finance et les marchés financiers n’ont pas supporté la frivolité d’une cigale qui continuait à chanter et à se la  faire belle avec l’argent des préteurs.


Un plan d’austérité draconien sans précédent  a été imposé à la GRECE pour réaliser des économies  suffisantes et augmenter ses recettes, mesures indispensables pour un redressement économique durable.

 

 


Voici les principales mesures


Une série de mesures dont le détail est impressionnant, on comprend alors pourquoi les Grecs ne sont pas d’accord et descendent dans la rue pour manifester violemment mais cela ne changera pas la réalité malheureusement.


 Baisser le déficit public de 52% à 50,6%  cad 1,4% = 5Milliards€ et augmenter les recettes de 2 ,6% ce qui représente au bas mot 8 Milliards€


Unification du taux de prélèvement ,hausse de la tva à 23% ,nouvelles taxes sur le tabac, l’alcool, l’essence  +10% ,augmentation des cotisations sociales ,baisse de salaires des fonctionnaires ,recul de la retraite à 5 ans, réduction des dépenses militaires ,des hôpitaux ,des pensions de retraites.


Bref si l’on compte tout on arrive péniblement à 24 Milliards€ ce qui représente à peine 7% du PIB alors que le déficit déjà réduit s’élève à   9,3%.

 

 


POIDS  FINANCIER DE LA DETTE


Même si la France ou l’Allemagne emprunte à 3% pour prêter ensuite à 5% à la Grèce ,une très grosse partie de la dette publique Grecque supporte un intérêt démesuré de l’ordre de  16% .Bref si l’on compte tout on arrive péniblement à 24 Milliards€  ce qui représente à peine 7% du PIB alors que le déficit déjà réduit s’élève à  9,3%  environ 30 Milliards€ ,sans compter que tous ces efforts seront balayés par le poids des intérêts de la dette. Dans ce contexte d’austérité, dans une conjoncture internationale difficile le pays aura beaucoup de mal à générer de la richesse  anéantissant ainsi  l’espoir d’une croissance indispensable à un redressement économique durable.


Le bateau Grec est en train de couler à pic car la voie d’eau est toujours beaucoup plus importante que la quantité d’eau écopée. La Grèce est désormais confrontée aux affres de sa mythologie elle doit choisir entre le tonneau des danaïdes ou le mythe de Sisyphe, un choix cornélien sans issue.

 


PEUT-ON  REPARER LE BATEAU  OU  QUELLE EST LA CAPACITE DE L’ECONOMIE GRECQUE A REBONDIR ?


Le Produit Intérieur But de la GRECE est composé de :


SECTEUR PRIMAIRE    7%


SECTEUR  SECONDAIRE  22%


SECTEUR  TERTIARE   71%


L’expérience nous a malheureusement appris que le secteur qui génère le plus grand potentiel d’embauche est le secteur secondaire. Par conséquent dans la plupart des pays du Sud de l'Europe, la forte désindustrialisation de l'économie due à un trop fort coût de la main d'oeuvre a généré un manque de compétitivité et a entraîné une fuite de toutes ces activités productrices d'emploi vers la Chine ou l'Inde : c'est ce que nous appelons couramment la délocalisation.


Cette délocalisation inéluctable des industries dans tous les domaines ajoutée à une économie souterraine disproportionnée évaluée à 90 Milliard€, a plongée  la Grèce dans une récession qui s’est aggravée avec la formidable crise financière mondiale de 2008.


La Grèce touche le fonds, sa croissance est négative -4% malgré  une aide financière colossale sans précédent de l’Europe qui cherche à éviter à tout prix l’effet domino.

 

 


QUELLES SONT ALORS LES SOLUTIONS ?


Pour l’instant continuer à prêter  à un pays qui n’a ni les capacités ni les moyens de rembourser un jour, c’est criminel c’est reculer pour mieux sauter, mais ne pas aider la GRECE c’est précipiter immédiatement l’effondrement du système financier européen et  l’implosion de l’EURO, alors que faire.


 

En réalité le problème est bien plus complexe car la GRECE n’est pas le seul pays dans cette situation, le Portugal, l’Irlande, l’Espagne, l’Italie sont très endettées et n’ont pas la capacité de rembourser, même la France l’Angleterre et l’Allemagne restent très endettées et seraient très affectées par un défaut de paiement des PIGS, pour en finir même les USA connaissent de graves difficultés leur dette ayant atteint le niveau de leur PIB cad 14300 Milliards$.

 

Si nous ajoutons  les dettes de l’Europe et des USA nous arrivons environ à Trente mille Milliards$ cad les trois quart du PIB mondial il apparait évident que désormais la situation de faillite financière ne concerne pas seulement la Grèce mais la PLANETE.


 

 

COMMENT EN EST ON ARRIVE LA ?

 


Depuis plus de 20 ans l’Europe et les USA vivent largement au dessus de leurs moyens et la croissance des ces vingt dernières années est plus virtuelle que réelle car elle est fondée sur une relance constante de la consommation sans création de richesse réelle, une croissance crée par un surendettement des états, des communautés urbaines, du privé et  des ménages.


En réalité tout cela était inéluctable  car le secteur secondaire des pays industrialisés s’est progressivement envolé  vers les nouveaux pays émergents comme la chine ,l’Inde ou autres qui grâce à une main d’œuvre bon marché ont pu inonder le monde entier de produits industriels, textiles, ménagers, alimentaires … à bon marché ce qui a permis de contenir artificiellement l’inflation chez nous en compensant la hausse vertigineuse des produits de base et  de consommation courante comme le lait le pain le beurre les céréales ……


Ainsi l’appauvrissement considérable des secteurs à fort potentiel de création d’emploi ont privé tous ces pays industriels d’une croissance solide, le chômage est devenu chronique, durable ,il est devenu aussi un régulateur des salaires les empêchant de progresser. Alors pour augmenter le pouvoir d’achat et soutenir la croissance, on a boosté  le crédit dans tous les secteurs, surtout dans le secteur de la consommation. Le superflu et le non indispensable sont devenus une nécessité entrainant une surproduction mondiale généralisée. 


Le seul côté positif de ce formidable changement, de cette mutation exceptionnelle est d’avoir  permis aux nouveaux pays émergents de connaître une croissance à deux chiffres et de rattraper ainsi une grande partie de leur retard en très peu de temps.


Les USA sont sans doute en grande partie responsables de cette situation dramatique car pour pallier ce manque de pouvoir d’achat ils ont surdéveloppé le crédit en le distribuant sans discernement à une population pauvre et démunie incapable à moyen terme de faire face aux remboursements futurs. Ce fut la célèbre crise des subprimes aggravée par le saucissonement  financier greffé, saucissonement  quI permit  aux organismes de crédit américains de contaminer la planète financière en se défaussant de tous ces produits devenus toxiques et incontrôlables.


Ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le verre car de toute façon tout était déjà réuni pour engendrer le chaos. En effet depuis vingt ans  une politique de déficit chronique, une absence de régulation, une spéculation à outrance tout ceci ajouté à l’incompétence des responsables financiers  posant systématiquement des rustines, ne pouvait aboutir qu’à cette issue fatale.


Difficile alors de reprocher à la Chine et à l’Inde d’avoir développé leur industrie sur notre dos grâce à nos crédits et  d’avoir accumulé des excédents exorbitants, détenant ainsi une grande partie des créances, nous avons fait bien pire dans le passé en spoliant  sans scrupules toutes nos colonies, ce n’est qu’un juste retour de l’histoire.


Mais  la donne a changée et désormais ces nouveaux pays émergents sont concernés par notre situation  financière, doublement concernés dirais je, car si nous coulons, EUROPEENS  ET AMERICAINS  ils perdront leurs créances  et verront leurs exportations fondre  comme neige au soleil.  Leur marché intérieur  demeure fragile, leur économie s’appuie essentiellement sur la demande occidentale, ainsi  l’effondrement de nos économies provoquera irrémédiablement l’effondrement des leurs, avec  en prime des révoltes sociales gigantesques car le peuple ne comprendra pas le pourquoi et  se retournant vers ses dirigeants des centaines de millions d’ouvriers désœuvrés  descendront  dans la rue, difficile alors avec le internet de tuer tout ce monde impunément. Nous sommes tous concernés par cette situation, nous devons impérativement trouver une solution globale mondiale.


Ainsi la boucle est bouclée nous sommes tous dans le même paquebot, ceux qui coulent entraineront irrémédiablement les autres, nous sommes contraints créanciers et débiteurs à trouver une solution commune et viable pour tous.

 

 


QUELLES  SOLUTIONS ?


Nous devons d’abord trouver une solution aux dettes souveraines mais une solution globale Européenne et si possible  Mondiale, cette fois ci créanciers et débiteurs sont liés par leur destin, ils doivent participer activement au sauvetage de la planète.

 


Qui sont les créanciers ou les préteurs : en gros trois catégories


*Tout d’abord les épargnants du monde entier qui ont confié leur épargne à des organismes de placement qui comme l’indiquent leur nom replacent cette épargne sur les marchés et rémunèrent ainsi leurs clients. L’assurance vie est un exemple concret de placement particulièrement prisé, voila pourquoi depuis deux ans les compagnies d’assurance en subissant la crise ont vu leur performances baisser et ont du  diminuer le rendement versé à leurs clients et si la Grèce faisait défaut ils baisseraient davantage à cause des obligations grecques présentes dans  leur portefeuille.


*Ensuite quelques pays excédentaires comme la Chine, l’Allemagne, les Pays du golf, mais ces pays se comptent sur les doigts d’une main.


*Enfin les fonds spéculatifs dont le métier est de spéculer sur les marchés boursiers mais qui achètent ou vendent des devises pour espérer un profit optimum et enfin les banques qui ont des dettes croisées ce qui compliquent encore la situation.

 

 


DEUX  SOLUTIONS :


Première solution : Créer Un Fonds Exceptionnel de Stockage Européen garanti par le FMI/BCE  dont le rôle sera de récupérer tout ou partie des dettes souveraines ,de couper un peu dans le vif, de renégocier intérêt et durée de chaque prêt .Les Américains devront agir pareillement ,je reconnais que c’est un peu naïf car il faudra convaincre tous les créanciers mais toute autre solution partielle de raccommodage est vouée à un échec évident, la fuite en avant n’a jamais été une solution efficace.


En effet ni l’UE ni les USA n’auront la capacité de rembourser tout ou partie de leur dette dans les prochaines années puisque l’ensemble des pays concernés est incapable d’équilibrer ses comptes .Tous ces pays industrialisés en panne de croissance à cause d’un secteur secondaire atrophié , sont condamnés à voir leurs  déficits se creuser et les politiques d’austérité engagées ne feront que réduire d’avantage  la croissance annulant ainsi les économies escomptées .Le monde des créanciers doit comprendre cela très vite, mieux vaut perdre un doigt que la main ou le bras, seul un abandon d’une partie des créances et un rééchelonnement des dettes permettra une solution globale.


Deuxième solution : Créer un FONDS DE  DTS  Européens qui sera chargé d’émettre des obligations en Euros pour un montant de 3000Milliards€, ces obligations seront placées auprès des principaux créanciers, cette opération permettra de racheter tout ou partie des dettes souveraines des pays de UE en difficulté. Les créanciers doivent accepter cette solution sinon ils ne récupéreront jamais leurs argent, en chargeant la mule on en fait pas un cheval de course. En allégeant les charges financières des états endettés et rééchelonnant leurs dettes on leur permettra de sortir de l’ornière. Ceci évitera aussi à toutes les Banques  détenant des créances une dépréciation de leur bilan car nous assistons actuellement  à une dégradation régulière de l’ensemble des dettes souveraines sans espoir d’amélioration, la plupart des banques tôt ou tard seront obligées de passer des provisions énormes pour pertes ce qui les mettra dans une situation très inconfortable.


En contre partie tous les pays bénéficiant de ces mesures exceptionnelles s’engageront à mener non pas une politique d’austérité mais une gestion rigoureuse globale, essayant d’équilibrer au plus vite le budget car avec des déficits chroniques personne n’est capable de  rembourser  ses dettes.


Aucune structure au monde que ce soit une multinationale ou un pays ne peut faire face au remboursement de ses emprunts s’il ne dégage pas une marge positive d’exploitation, différence positive entre dépenses et  recettes.


En acceptant une politique de déficit chronique on organise sciemment  une fuite en avant qui mène au chaos, en reculant sans cesse les échéances, on  recule pour mieux sauter, à  l’heure actuelle c’est exactement ce qui se passe sur le plan Européen et Mondial.


Les  pays détenteurs de la majorité des créances  Chine, Pays du golf, et autres préteurs  doivent absolument participer à ce sauvetage, leur avenir en dépend.


La Chine et les pays asiatiques qui ont subtilisés progressivement les secteurs pourvoyeurs d’emploi grâce à un dumping social doivent coopérer en améliorant progressivement le pouvoir d’achat de leur population et créer ainsi un meilleur équilibre mondial .La Chine est en train de déséquilibrer et fausser la loi naturelle de l’offre et la demande car elle applique une dictature économique chez elle tout en profitant du libéralisme des pays avec qui elle commerce.


La Chine doit comprendre que sans ce changement d’attitude sans une coopération absolue toute l’économie mondiale va s’effondrer, c’est elle qui en pâtira le plus car des centaines de millions de chinois vont se révolter et dix ans d’efforts louables seront anéantis, cette grande nation doit comprendre que l’on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre il faut savoir partager pour survivre c’est une question de bon sens, tel est le mot de la fin.


GLOSSAIRE

UE / union européenne 

PIB / produit intérieur brut       

DTS / droits de tirages spéciaux 

PIGS / Portugal, Irlande Grèce, Espagne

 


PATRICK  GUINTRAND

ESSEC 73

CONSULTANT  FINANCE  ET  MANAGEMENT  INTERNATIONAL

 

 

 

 

 

 

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